Le secteur tertiaire en Europe : dynamique et enjeux actuels

Le secteur tertiaire en Europe a connu une croissance significative au cours des dernières décennies, devenant un moteur clé de l'économie. Cet article explore la dynamique et les enjeux actuels de ce secteur, en mettant l'accent sur son évolution, son importance économique en France et les réglementations visant à améliorer son efficacité énergétique.
📊 Chiffre cléEn France, le secteur tertiaire représentait près de 60 % de l'économie en 2012 et employait 79 % de la population active.

Evolution du secteur tertiaire en Europe

Le déclin des secteurs primaire et secondaire

Historiquement, l'économie européenne reposait principalement sur l'agriculture (secteur primaire) et l'industrie (secteur secondaire). Cependant, au cours des 100 dernières années, ces secteurs ont progressivement perdu de leur importance relative. L'agriculture, qui occupait une place prépondérante dans l'économie de nombreux pays européens, a vu sa part dans le PIB et l'emploi diminuer considérablement. De même, l'industrie, moteur de la croissance économique durant la révolution industrielle et une grande partie du XXe siècle, a connu un déclin relatif. Ce phénomène de désindustrialisation s'explique par plusieurs facteurs, notamment la concurrence accrue des pays émergents, les gains de productivité liés aux avancées technologiques et la délocalisation de certaines activités de production vers des régions au coût de main-d'œuvre plus faible. Ainsi, la part de l'industrie dans le PIB et l'emploi a progressivement diminué dans la plupart des pays européens.

L'essor du secteur tertiaire

Parallèlement au déclin relatif des secteurs primaire et secondaire, l'Europe a connu une croissance spectaculaire du secteur tertiaire. Ce dernier, qui regroupe les activités de services, est devenu le principal moteur de l'économie européenne. Selon les données de la Banque mondiale, la part du secteur des services dans le PIB des pays de l'Union européenne est passée de 61% en 1995 à 71% en 2020. Cette tertiarisation de l'économie européenne s'est accompagnée d'une profonde transformation du marché du travail. La part de l'emploi dans le secteur tertiaire a connu une augmentation spectaculaire, dépassant largement celle des secteurs primaire et secondaire. En 2020, selon Eurostat, le secteur des services représentait 73% de l'emploi total dans l'Union européenne, contre seulement 22% pour l'industrie et 5% pour l'agriculture.

Une tendance mondiale

L'évolution observée en Europe s'inscrit dans une tendance mondiale de tertiarisation des économies. Les États-Unis, le Japon et Taïwan, par exemple, ont également connu un glissement substantiel vers le secteur des services au cours des dernières décennies. Dès le début des années 1990, le secteur tertiaire représentait une part significative de la force de travail dans ces pays. Selon un rapport du Wall Street Journal publié en 1993 :
Aux États-Unis, 70% de la main-d'œuvre travaille dans le secteur des services ; au Japon, 60%, et à Taïwan, 50%. Il ne s'agit pas nécessairement de serveurs et de femmes de ménage. Beaucoup d'entre eux appartiennent à la catégorie des professionnels. Ils gagnent autant que les travailleurs de l'industrie manufacturière, et souvent plus. The Wall Street Journal, 1993
Cette tendance s'est poursuivie au fil des années, avec une tertiarisation croissante des économies développées. En 2020, selon les données de la Banque mondiale, la part du secteur des services dans le PIB atteignait 77% aux États-Unis, 71% au Japon et 63% à Taïwan.

Conclusion

L'évolution du secteur tertiaire en Europe au cours des 100 dernières années témoigne d'une transformation profonde de l'économie du continent. Le glissement des secteurs primaire et secondaire vers le secteur des services a modifié en profondeur la structure de l'emploi et la composition du PIB européen. Cette tertiarisation, qui s'inscrit dans une tendance mondiale, pose de nouveaux défis en termes d'adaptation des compétences, d'innovation et de compétitivité pour les économies européennes.

Importance économique du secteur tertiaire en France

Le secteur tertiaire joue un rôle prépondérant dans l'économie française, représentant une part significative de l'activité et de l'emploi. Son importance ne cesse de croître au fil des années, soulignant la transition progressive vers une société de services.

Un poids majeur dans l'économie nationale

En 2012, le secteur tertiaire pesait déjà lourd dans la balance économique française, représentant près de 60% du produit intérieur brut (PIB). Cette proportion n'a fait que s'accentuer au cours de la dernière décennie. Aujourd'hui, les dernières statistiques disponibles révèlent que pas moins de 79% de la population active en France travaille dans ce secteur d'activité. Cette prédominance du tertiaire se reflète également dans les échanges commerciaux. La France affiche en effet une balance commerciale des services excédentaire, témoignant de la compétitivité et de l'attractivité de ses entreprises de services à l'international.
Année Part du tertiaire dans le PIB Emploi dans le tertiaire
2012 60% -
2022 - 79%

Une croissance soutenue dans les services marchands

Au sein du secteur tertiaire français, on distingue deux grandes composantes : le tertiaire marchand et le non marchand. Si les services non marchands (éducation, santé, administration...) progressent de manière régulière mais modérée, le tertiaire marchand connaît quant à lui un développement spectaculaire. Cette croissance s'explique notamment par l'externalisation de nombreuses fonctions auparavant internalisées par les entreprises (nettoyage, sécurité, informatique...), ainsi que par l'émergence de nouveaux besoins liés aux évolutions technologiques et sociétales. Cependant, malgré ce dynamisme, les gains de productivité peinent à décoller dans les services, en comparaison avec l'industrie notamment.

L'emploi tertiaire en forte hausse depuis les années 1960

L'analyse des tendances de l'emploi dans les branches tertiaires depuis 1960 met en évidence l'ampleur des mutations à l'œuvre. Alors que la croissance annuelle moyenne plafonnait à 1% jusqu'en 1960, elle s'est nettement accélérée entre 1960 et 1980 pour atteindre 2%. Depuis, le rythme est resté soutenu :
  • 1980-2000 : +1,7% par an
  • 2000-2011 : +0,9% par an
Cette progression de l'emploi tertiaire s'explique d'une part par l'accélération de la demande intérieure en services (+4,3% par an en volume entre 1959 et 2012), et d'autre part par des gains de productivité plus faibles que dans le reste de l'économie (+2,5% par an dans les services marchands contre +4,5% dans l'industrie). Face à une demande croissante, un secteur dont la productivité progresse plus lentement ne peut en effet que se développer en termes d'emplois. Le secteur tertiaire s'affirme donc comme le principal moteur de l'économie et de l'emploi en France. Son poids ne cesse de s'accroître, porté par une demande en forte hausse et une productivité en demi-teinte. Un défi pour l'avenir sera d'accélérer les gains d'efficacité dans les services, en tirant notamment parti des opportunités offertes par le numérique, tout en préservant la qualité des emplois.

Réglementations et efficacité énergétique dans le secteur tertiaire

Le secteur tertiaire en Europe fait face à de nombreux défis en matière d'efficacité énergétique. Pour y répondre, des réglementations ont été mises en place afin d'améliorer la performance énergétique des bâtiments tertiaires. La France, en particulier, a adopté des mesures fortes pour réduire les consommations d'énergie de ce secteur clé de l'économie.

Des obligations réglementaires pour réduire les consommations d'énergie

En France, le décret Eco Energie Tertiaire, aussi appelé "décret tertiaire", impose une réduction progressive de la consommation d'énergie dans les bâtiments à usage tertiaire. Entré en vigueur le 1er octobre 2019, il fixe des objectifs ambitieux :
  • Une réduction de 40% de la consommation d'énergie finale en 2030 par rapport à 2010
  • Une réduction de 50% en 2040
  • Une réduction de 60% en 2050
Ce décret concerne les bâtiments existants de plus de 1000 m² à usage tertiaire, ainsi que l'ensemble des bâtiments tertiaires de plus de 1000 m² appartenant à un même propriétaire. A partir de 2030, le seuil sera abaissé à 500 m². Par ailleurs, le décret BACS (Building Automation & Control Systems), applicable depuis le 1er janvier 2025, rend obligatoire l'installation de systèmes d'automatisation et de contrôle dans les bâtiments non résidentiels neufs et existants. Il vise à optimiser la performance énergétique par un pilotage fin des équipements.

Le contrat de performance énergétique, un outil clé

Pour atteindre les objectifs fixés par ces réglementations, le contrat de performance énergétique (CPE) apparaît comme un levier majeur. Il permet aux propriétaires et gestionnaires de bâtiments tertiaires de confier à un opérateur extérieur la réalisation de travaux de rénovation énergétique et/ou la gestion des installations, avec une garantie de résultats sur les économies d'énergie réalisées. Selon l'Observatoire des CPE, le recours à ce type de contrat est en forte progression dans le secteur tertiaire privé et public. Entre 2012 et 2022, le nombre de CPE signés a été multiplié par 3, passant de 70 à 227. La part des CPE services, sans travaux, reste majoritaire (67%). Mais la part des CPE travaux ou globaux a augmenté, passant de 20% à 33% sur la même période. Les objectifs de réduction des consommations fixés dans les CPE sont significatifs :
Type de CPE Objectif moyen de réduction des consommations
CPE services 15%
CPE travaux 32%

Des bénéfices économiques et environnementaux

Au-delà des économies d'énergie, les CPE génèrent aussi des bénéfices économiques pour les maîtres d'ouvrage. Une étude menée par le CSTB et Vivalto sur un échantillon de 60 CPE tertiaires montre que sur une durée moyenne de 10 ans :
  • Le coût global (investissement initial + coût d'exploitation) est réduit de 15% en moyenne par rapport à une situation sans CPE
  • Le temps de retour sur investissement est de 12 ans en moyenne
Ainsi, en s'appuyant sur les obligations réglementaires et en utilisant l'outil du CPE, le secteur tertiaire dispose de moyens efficaces pour réduire significativement ses consommations d'énergie et ses émissions de gaz à effet de serre. Un enjeu majeur pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique en Europe.

L'essentiel à retenir sur le secteur tertiaire en Europe

Le secteur tertiaire en Europe a connu une croissance remarquable, devenant le pilier de l'économie. En France, il représente la majorité de l'emploi et contribue significativement au PIB. Les réglementations en matière d'efficacité énergétique visent à réduire la consommation d'énergie et à favoriser la durabilité. L'avenir du secteur tertiaire dépendra de sa capacité à s'adapter aux défis environnementaux et technologiques, tout en maintenant sa compétitivité et en créant des emplois de qualité.

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