Formations industrielles 2024 : Vers des horizons nouveaux

nouvelles perspectives de formations industrielles
Les formations industrielles en France sont actuellement en pleine évolution pour répondre aux besoins du marché et attirer plus de jeunes vers ces métiers. Des réformes sont en cours pour améliorer le financement, l'attractivité et l'intégration des nouvelles technologies dans ces formations. Cet article fait le point sur les changements à venir et leurs impacts sur le secteur industriel.
🔢 Le saviez-vous ?De nouveaux budgets sont prévus par la législation pour financer la formation continue dans les PME industrielles et augmenter le nombre d'apprentis du secteur.

Les réformes actuelles des formations industrielles

L'industrie fait face à d'importantes tensions de recrutement malgré les opportunités de carrières qu'elle propose. Pour y remédier, le gouvernement et les acteurs de la filière mettent en place une série de réformes et d'initiatives visant à améliorer l'image et l'attrait des formations industrielles.

Introduction de nouvelles technologies dans les formations

L'un des axes prioritaires est de moderniser les formations en y intégrant davantage les technologies numériques utilisées dans l'industrie 4.0 comme la réalité augmentée ou virtuelle, l'intelligence artificielle, la fabrication additive, etc. Cela permettra de former les apprenants sur des outils et méthodes en phase avec les évolutions des métiers. Par exemple, la réalité augmentée, grâce à des lunettes connectées, peut servir à mettre les techniciens en situation réelle et associer l'apprentissage théorique à la pratique. Les programmes sont modulables pour s'adapter aux besoins. Cependant, leur mise en œuvre nécessite des compétences logicielles spécifiques et la France accuse un certain retard par rapport à d'autres pays.

Propositions pour réduire les tensions de recrutement

Un rapport conjoint de trois inspections générales (IGF-IGESR-IGAS) de juillet 2023 émet une vingtaine de propositions pour résoudre les problèmes de recrutement dans l'industrie. Parmi elles :
  • Renforcer l'enseignement des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) dès le primaire
  • Encourager l'apprentissage dans l'industrie, notamment pour les CAP-BEP, en intégrant les effectifs d'apprentis dans les dotations horaires d'enseignement
  • Soutenir l'effort de formation des PME industrielles en stabilisant les aides disponibles et en les accompagnant
  • Nommer une personne qualifiée pour coordonner au niveau national le dialogue sur la formation initiale et continue

L'appel à manifestation d'intérêt « Compétences et métiers d'avenir »

Doté de 2,5 milliards d'euros, l'AMI-CMA vise à adapter les formations aux besoins futurs des entreprises. L'industrie en est le 2e bénéficiaire avec 18% des subventions. Cet appel à projets soutient une nouvelle dynamique partenariale et contribue à réorienter l'offre de formation. Le rapport note cependant un déficit dans les capacités de suivi et d'évaluation des projets de l'AMI-CMA, entraînant des risques d'exécution significatifs. Le pilotage de ces subventions devra donc être renforcé pour garantir leur efficacité. En somme, c'est par une action globale et concertée, alliant modernisation des contenus, promotion des filières et soutien ciblé aux entreprises, que les pouvoirs publics et les professionnels espèrent redonner de l'attractivité aux formations et carrières industrielles. Un enjeu crucial pour accompagner la réindustrialisation du pays.

Le financement de la formation continue dans l'industrie

Grâce à son tissu industriel dense et ses infrastructures portuaires, la région de Dunkerque représente un enjeu majeur dans la transition énergétique française. En effet, avec 16 millions de tonnes de CO2 émises par an, la zone industrielle de Dunkerque génère à elle seule 20% des émissions nationales. Pour amorcer la décarbonation de ce bassin industriel stratégique, l'État vient de signer avec les acteurs locaux la première convention "Zones industrielles bas carbone" (ZIBaC). Dans le cadre de ce dispositif inédit, l'ADEME va mobiliser près de 14 millions d'euros pour financer une série d'études afin d'identifier les leviers de réduction des émissions de carbone à horizon 2030.

Des pistes concrètes de décarbonation

Menées d'ici l'été prochain, ces études vont se concentrer sur plusieurs axes clés :
  • La production d'électricité décarbonée à bas coût, grâce notamment aux éoliennes offshore et aux futurs réacteurs nucléaires EPR2 ;
  • La mise en place de réseaux de récupération de chaleur fatale auprès des grands industriels de la zone comme ArcelorMittal et Aluminium Dunkerque ;
  • Le développement de solutions de capture et de stockage du carbone (CCUS).
Cette première phase de diagnostic sera suivie d'une seconde étape plus opérationnelle, centrée sur le financement des investissements nécessaires à la décarbonation.

Un outil au service de la réindustrialisation verte

Pour le ministre de l'Industrie Roland Lescure, qui a signé la convention lundi 8 avril, le dispositif ZIBaC constitue un outil crucial pour accompagner la transition énergétique de l'industrie française. Après Dunkerque, d'autres zones industrielles majeures comme Le Havre, Saint-Nazaire ou Fos-sur-Mer devraient bénéficier du programme.
"On a signé des contrats de décarbonation avec les 50 sites les plus émetteurs, qui représentent 60% des émissions de l'industrie, vous en avez sept ici à Dunkerque" Roland Lescure, ministre de l'Industrie
L'objectif affiché par le gouvernement est ambitieux : réduire de 45 à 50% les émissions de CO2 des principaux bassins industriels français d'ici 2030. Un défi titanesque qui nécessitera des investissements colossaux, mais indispensable pour concilier réindustrialisation et lutte contre le changement climatique.
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Amélioration de l'attractivité des métiers de l'industrie

Les métiers de l'industrie font face à des difficultés de recrutement et à un déficit d'attractivité auprès des jeunes générations. Pour y remédier, des campagnes de communication sont menées pour revaloriser l'image du secteur industriel et attirer de nouveaux talents. La perception des métiers industriels a en effet longtemps souffert de clichés négatifs : conditions de travail difficiles, secteur en déclin, faibles perspectives d'évolution... Pourtant, la réalité est tout autre. L'industrie connaît aujourd'hui de profondes mutations, portées par les transitions numérique et écologique. Robotisation, cobotique, réalité augmentée, fabrication additive, intelligence artificielle... Ces technologies transforment en profondeur les métiers et font émerger de nouveaux besoins en compétences.

Mettre en avant les atouts des métiers industriels

Pour séduire les jeunes, il est essentiel de communiquer sur les avantages qu'offrent aujourd'hui les carrières dans l'industrie :
  • Des emplois qualifiés, axés sur l'innovation et les nouvelles technologies
  • Des perspectives d'évolution intéressantes, avec des possibilités de montée en compétences
  • Un secteur dynamique, au cœur des grands enjeux économiques et environnementaux
  • Des rémunérations attractives, souvent supérieures à la moyenne
L'industrie du futur a besoin de profils variés, allant des techniciens de maintenance aux ingénieurs en robotique, en passant par les designers industriels ou les développeurs informatiques. Autant d'opportunités à faire connaître auprès des jeunes en recherche d'orientation.

Encourager les entreprises à s'ouvrir aux jeunes

Au-delà de la communication, les entreprises industrielles ont un rôle clé à jouer pour améliorer leur attractivité. Elles sont incitées à multiplier les initiatives pour aller à la rencontre des jeunes :
  • Partenariats avec les établissements scolaires et les centres de formation
  • Participation aux forums des métiers et salons étudiants
  • Organisation de visites d'entreprises et de stages découverte
  • Développement de l'alternance et de l'apprentissage
En ouvrant leurs portes, les entreprises peuvent faire découvrir les réalités de leurs métiers et susciter des vocations. C'est aussi l'occasion pour elles de détecter les talents et d'attirer les profils dont elles ont besoin.

Adapter les formations aux besoins de l'industrie du futur

Pour répondre aux nouveaux enjeux de l'industrie, il est crucial d'adapter en continu les formations, initiales et continues. Les programmes doivent intégrer les dernières innovations technologiques et s'articuler étroitement avec les besoins des entreprises. Le développement de l'alternance et de l'apprentissage est un levier majeur pour préparer les jeunes aux métiers de demain. En leur permettant de se former directement sur le terrain, au contact des équipes et des outils de production, ces dispositifs facilitent leur insertion professionnelle. L'amélioration de l'attractivité des métiers industriels passe donc par une mobilisation de tous les acteurs : pouvoirs publics, entreprises, établissements de formation... En unissant leurs forces pour communiquer positivement sur le secteur et accompagner sa transformation, ils contribueront à attirer les talents dont l'industrie a besoin pour bâtir son avenir.

Intégration des nouvelles technologies dans les formations

Malgré suffisamment de personnes formées aux métiers de l'industrie, le secteur rencontre des difficultés croissantes à recruter. Ceci est dû à la fois à une forte déperdition des formés qui s'orientent vers d'autres secteurs et à des difficultés d'insertion et un manque de formés sur les premiers niveaux de qualification. Le déficit d'image et d'attractivité des métiers industriels est pointé du doigt comme une cause majeure de cette situation paradoxale. Pour répondre à ces enjeux, un ensemble de 20 propositions est formulé, agissant sur plusieurs leviers :
  • Introduire un enseignement de science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) dès le primaire
  • Soutenir le développement de l'apprentissage pour l'industrie, en particulier au niveau Bac (intégrer les apprentis dans les dotations horaires)
  • Encourager l'effort de formation des PME industrielles via la stabilisation des moyens et un accompagnement RH renforcé
  • Nommer temporairement un coordinateur national du dialogue sur la formation initiale et continue
En parallèle, un premier bilan est dressé de l'appel à manifestation d'intérêt "Compétences et métiers d'avenir" (AMI CMA), dont l'industrie est le 2e bénéficiaire avec 18% des 2,5 Mds€ alloués. Si cet investissement inédit est salué, permettant d'accélérer la réorientation de l'offre de formation, le suivi et l'évaluation des projets restent insuffisants à ce stade selon les auteurs. En résumé, l'adaptation des compétences industrielles passera par une action globale et coordonnée, jouant à la fois sur l'attractivité des métiers, le contenu des formations, le soutien aux entreprises et un pilotage renforcé des dispositifs mis en place. La clé sera de parvenir à retenir les talents formés dans l'industrie.
Intégration des nouvelles technologies dans les formations

Surveillance et adaptation des programmes de formation

Dans un contexte industriel de plus en plus compétitif et exigeant, la formation professionnelle doit être en mesure de s'adapter en permanence afin de répondre au mieux aux besoins des entreprises et des salariés. La mise en place d'une surveillance régulière de l'efficacité des programmes de formation et leur ajustement au regard des retours terrain et des évolutions sectorielles apparaît comme un enjeu clé pour garantir la pertinence et l'utilité de l'offre de formation.

Un suivi rapproché des actions de formation

Afin d'apprécier pleinement l'impact des formations dispensées, il est primordial de mettre en place des outils permettant de suivre avec précision le déploiement des actions, d'évaluer les compétences acquises par les apprenants et de recueillir leurs avis ainsi que ceux des entreprises. Plusieurs leviers complémentaires peuvent être actionnés :
  • Des bilans réguliers réalisés à l'issue de chaque session pour mesurer le degré d'atteinte des objectifs pédagogiques et la satisfaction des stagiaires
  • Des enquêtes terrain auprès des anciens stagiaires et de leur management pour apprécier la mise en application des acquis de la formation
  • Une observation fine des résultats obtenus par les entreprises (gains de productivité, réduction des non-conformités, etc.) pouvant être imputables aux formations suivies
  • Des focus groups avec des panels représentatifs pour approfondir certains sujets et faire émerger de nouvelles pistes d'amélioration
L'ensemble des données collectées via ces différentes approches a vocation à être consolidé et analysé régulièrement afin d'obtenir une vision globale de la performance des dispositifs et d'identifier rapidement les éventuels points de blocage ou axes de progrès.

Le déploiement d'outils numériques pour faciliter le suivi

La multiplication des sources d'information et des parties prenantes rend indispensable l'usage d'outils numériques permettant de centraliser les données, de les croiser de manière dynamique et d'en extraire des indicateurs clés de pilotage. Plusieurs acteurs du secteur de la formation professionnelle proposent aujourd'hui des solutions technologiques avancées en la matière :
Outil Fonctionnalités principales
Mon Compte Formation
  • Suivi des parcours de formation
  • Évaluation des organismes et formations
  • Exploitation statistique des données
Formaeva
  • Questionnaires d'évaluation dématérialisés
  • Analyse automatisée des résultats
  • Tableaux de bord de pilotage
Ces solutions, de plus en plus adoptées par les acteurs de la formation, apparaissent comme de véritables atouts pour renforcer et fluidifier le suivi des programmes. Elles ne sauraient toutefois se substituer totalement aux échanges humains, indispensables pour capter les signaux faibles et faire émerger les bonnes pratiques.

Une adaptation en continu des contenus et modalités

Au-delà de la mesure de la performance des actions déployées, l'enjeu est d'être en capacité de faire évoluer en permanence les programmes de formation pour coller au plus près des besoins. Cela passe par différentes actions :
  • Une veille active sur les mutations des métiers de l'industrie, afin d'identifier les nouvelles compétences à développer. Les observatoires prospectifs des métiers et des qualifications mis en place dans chaque branche professionnelle constituent des ressources précieuses en la matière.
  • Des échanges nourris avec les entreprises pour recueillir leurs besoins émergents et co-construire des solutions de formation adaptées. De nombreux organismes développent des approches sur-mesure en cohérence avec les projets industriels de leurs clients.
  • Une réflexion approfondie sur les modalités pédagogiques les plus appropriées (présentiel, distanciel, blended learning...) au regard des publics et des compétences visées. L'apport des neurosciences peut être utile pour concevoir des parcours d'apprentissage favorisant l'engagement et la mémorisation.
Notre obsession est d'être en phase avec les réalités et les priorités de nos clients. Nous passons beaucoup de temps sur le terrain, dans les ateliers, pour échanger avec les opérateurs et les managers. C'est comme ça qu'on repère les zones de progression possibles et qu'on imagine de nouveaux modules de formation pour y répondre. Marc Durand, Directeur Régional, AFA Formation
Cette démarche d'adaptation continue apparaît essentielle pour s'assurer que les contenus de formation dispensés seront directement opérationnels et source de valeur ajoutée pour les entreprises. Elle implique une grande réactivité des organismes et une capacité à faire évoluer leurs pratiques.

Les apports de l'innovation pédagogique

Pour enrichir leurs programmes et renforcer l'engagement des apprenants, de plus en plus d'organismes de formation expérimentent des approches pédagogiques innovantes mêlant notamment numérique et présentiel :
  • Classes virtuelles pour démultiplier les interactions
  • Modules e-learning pour des révisions à son rythme
  • Video learning pour illustrer des gestes techniques
  • Réalité virtuelle pour des mises en situation
  • Jeux sérieux pour stimuler les mises en pratique
Autant d'outils et d'usages qui, utilisés à bon escient, peuvent dynamiser les apprentissages et favoriser la montée en compétences. Leur déploiement nécessite néanmoins un important travail de conception en amont et un accompagnement au changement des équipes pédagogiques. Dans un monde industriel en perpétuelle évolution, la capacité à ajuster avec agilité les programmes de formation, sur la base d'un suivi rapproché et d'une veille active, apparaît désormais comme un facteur clé de succès. Les organismes les plus avancés sur ces sujets seront ceux qui parviendront le mieux à accompagner la montée en compétences des salariés, au service de la performance des entreprises.

Vers un avenir prometteur pour les formations industrielles

Les réformes en cours et à venir des formations industrielles en France ouvrent de nouvelles perspectives passionnantes pour le secteur. Avec un financement renforcé, une meilleure attractivité des métiers et l'intégration des technologies innovantes, ces formations seront mieux à même de répondre aux besoins des entreprises et d'attirer les talents. La surveillance continue des programmes garantira leur pertinence dans un secteur en constante évolution. L'industrie française a de beaux jours devant elle.

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